Je ne reçois plus de « bonjour Mademoiselle » en pénétrant dans un magasin.Les menus déroulants d’inscription sur les sites web mettent toujours ma date de naissance en fin de liste. Les échantillons de crèmes de beauté, ajoutés à mes achats, sont principalement des crèmes anti-rides. Mes enfants me demandent si «à mon époque» les voitures existaient et allons-y, si j’ai rencontré Jésus –là faut pas pousser.
ah ah ah ! cliquez là
Ils peuvent paraître futiles ces petits chagrins mais je les prends au sérieux. Rituel quasi-immuable, au moment du coucher, je m’allonge, tour à tour, à côté d’eux dans une demi-obscurité. Petit moment privilégié où ils peuvent se confier, me faire part de leurs joies, de leurs peines ou me questionner sur n’importe quel sujet. Si le temps n’a pas d’importance, l’intensité de ma présence, de mon écoute vaut souvent bien plus qu’une journée passée à leurs côtés à vaquer à mes occupations. Quand ils ont du mal à formuler, je prends « Monsieur Pic » une petite peluche au nez pointue et je la fais parler. Je ne les invite pas à tout me dire, eux aussi ont besoin de leurs secrets.
« Les enfants sont des énigmes lumineuses. » Daniel Pennac
Me baigner dans une mer agitée. Immersion totale. Me tourner vers le large et ne plus regarder la plage. Nager longtemps, loin. Ne plus sentir le sol sous mes pieds. Sentir mon corps en apesanteur, le sel dans ma bouche.
« Quand je suis dans l'eau, j'ai des idées. Quand j'en suis sorti, je sèche. » Roger Pierre
«Rien n'est miraculeux. Si l'on apprend ce que sait le magicien, il n'y a plus de magie. » Richard Bach
Hier, je roulais sur l’autoroute, nuit noire. Petit cocon, bien au chaud à écouter la radio : flash météo marine à effet immédiat sur moi. Je n’y comprends rien et pourtant, un vrai plaisir. Comment l’expliquer ? La voix douce de la jeune femme, des noms poétiques et évocateurs, des vents, des points cardinaux, des chiffres. Douce alchimie, formule magique envoûtante, je pourrais passer des heures à écouter cette météo là. La comprendre ? Surtout pas, je lui retirerais toute sa poésie.
Un roi très riche, sentant sa fin prochaine, convoque ses deux fils à son chevet. "Mes fils, leur dit-il, vous voyez ce minaret qui pointe à l'horizon. Celui de vous deux dont le cheval arrivera le dernier à ce minaret héritera de toute ma fortune". A ces mots, les deux frères se précipitent aux écuries, enfourchent chacun un cheval et se dirigent au grand galop vers le minaret ! Comment expliquer le comportement apparemment illogique des deux enfants ?
Monsieur Hippolyte et Mademoiselle Aglaé sont follement amoureux. Ils se fiancent, se marient et pourtant Mademoiselle Aglaé ne devint jamais Madame Hippolyte. Pourquoi ?
Eh oui, je pars et pour ne pas vous laissez sans réfléchir, vous découvrirez sur mon blog 3 jours d'énigmes. J'attends vos réponses dans "commentaires", petit cadeau à la clef pour celui ou celle qui résoudra les 3...
Enigme 1 : "Je suis au volant de ma voiture sur un chemin de campagne, je roule vite, sans doute trop, mes feux sont éteints. Il n'y a pas de lune, aucun éclairage public. Une femme habillée de noir traverse devant moi. Malgré ces conditions, je parviens à la voir et à m'arrêter sans la percuter. Pourquoi ?"
Prendre mon café sous la véranda envahie par le soleil.
Courir dans la forêt, regarder le soleil filtrer à travers les branches et sentir que j’appartiens à la nature.
Prendre le temps de téléphoner à une amie, redécouvrir que l’amitié est sans limites, de temps, d’espace.
Aller chercher les enfants à l’école et voir leur regard s’illuminer.
Préparer un bon repas pour le dîner et être fière qu’il soit apprécié.
Retrouver mon chéri, sa constance apaisante, sa gentillesse pour moi.
J’ai tellement à perdre.
Dommage que notre vie ne soit pas aussi facile à gérer que celle des autres. Pour les autres, nos esprits sont toujours beaucoup plus féconds et agiles pour trouver des solutions. En grands marabouts manitous, on utilise aisément la formule magique «à sa place, j’aurais…» et justement, en tête du tiercé des «à sa place», on trouve «j’aurais jamais épousé cette conne –avec variante ce con». Ah forcément, ce con, cette conne ne l’était peut-être pas au début et puis, c’est dur à dire, mais on est toujours le con de quelqu’un et on a toujours un con sous la main… vue de l’esprit. En deuxième position, talonnant de très près la première, on rencontre «à sa place, je n’élèverais pas mais enfants comme ça » et là encore, quelle que soit la façon de les élever, on devrait savoir que rater une marche est à la portée de tout le monde, tellement à la portée qu’on la rate –la marche- sans même s’en apercevoir. Et enfin, en troisième position, arrive «à sa place, je me secouerais un peu». Et vous, à votre place vous faites quoi ?
« Mieux vaut être optimiste et se tromper que pessimiste et avoir raison. » Jack Penn
l'organisation, depuis que je ne travaille plus, c’est mon talon d’Achille, tout part à vau l’eau. Il faut dire aussi, je ne me cherche pas d’excuses, que transférer un dossier de sécurité sociale d’un département à l’autre a de quoi en décourager plus d'un. Alors, je laisse traîner parce qu’il manque toujours un papier. C’est mon fond de mémoire : un résidus de petites choses que je repousse et pourtant qui reviennent systématiquement à la surface, au moment où je les attends le moins, pour m’empoisonner le quotidien. De temps en temps, prise d’une envie de libérer de l’espace dans mon cerveau, je règle tout, en regrettant de ne pas l’avoir fait plus tôt. J’utilise alors la méthode simple du post-it ; j’écris par ordre de priorité mes pensums, lorsque je ne perds pas ce petit morceau de papier, j’ai alors la grande satisfaction de pouvoir barrer les unes après les autres ces petites corvées bien alignées.
«Au fond, est-ce que ranger ça ne revient pas un peu à foutre le bordel dans son désordre ? » Philippe Geluck
Comment les gens font-ils pour se souvenir si bien du temps qu’il faisait l’année dernière à la même époque, voire il y a plusieurs années… La météo est un sujet de conversation étonnant. « Oh ! il fait pas chaud aujourd’hui », « oui, il annonce des gelées et même de la neige en montagne », « ah ben tiens, on va se retrouver avec le même hiver qu’en 95 » - Ils ne sont quand même pas tous agriculteurs, navigateurs ou montagnards ces gens là ? Alors, pourquoi cette préoccupation quasi-obsessionnelle ? Un sujet de conversation tentant, pour briser la glace, pour entamer le dialogue -c'est la fonction phatique- sauf que moi, je ne sais jamais quoi répondre, si ce n’est que le temps, j’ai l’impression de ne jamais en avoir suffisamment…
"Pluie du matin n'arrête pas le pèlerin" Proverbe français
Quand avez-vous ri pour la dernière fois ? Je ne me la rappelle plus cette dernière fois. Peut-être le spectacle de Laurent Gerra en 2002 ? J’ai ri aux larmes, à en inonder mon fauteuil. Depuis, je souris, je rigole, je me marre, mais pas de ce gros rire sain, vigoureux, qui prend au fond des tripes, secoue le corps, provoque des spasmes, fait manquer d’air, briller les yeux, couler les larmes, taper sur les cuisses. Ca me fait peur de ne plus rire.
«Les gens qui ne rient pas, ne sont pas sérieux.» Alphonse Allais
Merci à mes enfants qui me permettent de m’émerveiller avec eux de choses que les adultes ne regardent souvent plus. Faites s’il vous plait qu’ils ne soient jamais blasés, qu’ils gardent toujours cette étincelle dans les yeux et cette envie de découvrir.
«Le père et la mère doivent tout à l'enfant. L'enfant ne leur doit rien.» Jules Renard
HORREUR. Depuis 2 jours je n’@i plus de ligne internet. Je ré@lise l@ gr@vité de cette @mput@tion. Plus de coup d’œil quotidien sur mes f@voris, plus d’éch@nges e-m@il @vec mes @mis. @@@RGH, je meurs, non, je suis en colère, et «il y @ des colères qui sont s@ines Monsieur S@rkozy ! », non, je suis juste énervée p@rce que je ne peux p@s mettre mon blog à jour, m@is @près tout, je continue à écrire, à vivre. Ceci m’@mène à l’une des questions l@ plus posée @u monde «déposée sur une île déserte, @vec une seule chose à emporter, que prendr@is-je ? Tout bêtement, mon esprit pr@tique me f@it hésiter entre le coute@u suisse –modèle h@ut g@mme le plus complet @vec scie, cise@ux, cure dents bien que celui l@ je pourr@i le f@briquer moi-même- et le briquet gr@nd réservoir. M@is, le coute@u suisse top top n’@-t-il p@s une loupe ??? Qui se renseigne ?
«Internet. On ne sait pas ce qu'on y cherche mais on trouve tout ce qu'on ne cherche pas.» Anne Roumanoff
Le plus dur n’est peut-être pas de le faire fructifier, mais plutôt de parvenir à l'identifier.
Certains liens deviennent néfastes et pourtant ils sont difficiles à rompre. Des liens avec des êtres attachants que je continue à voir mais qui me mangent toute mon énergie sans jamais m’en donner. Je les appelle mes pacman. Liens maintenus par nostalgie, virtuellement, en souvenir de, parce qu’ils ont été à un moment de ma vie synonymes de bonheur, de joie et ont contribué à ma construction. Ces liens me retiennent, m’empêchent d’avancer ; des élastiques géants qui tantôt se tendent et m’éloignent de l’autre, tantôt se rétractent et m’en rapprochent violemment. Les couper, ce serait prendre le risque de regretter, de perdre une partie, même infime, de mon identité, mais aussi de m’émanciper. Avoir suffisamment confiance en moi pour ne pas être ébranlée, savoir que la vie réserve toujours de belles rencontres. Accepter aussi que le chemin de ceux que j’ai appréciés, aimés , ne soit plus ou pas le même que le mien. Couper ces liens ça n’est pas effacer le passé, c’est l’accepter en tant que tel.
«C'est le propre de la jeunesse de couper les liens, d'ouvrir des chemins nouveaux, de rêver de liberté. » Reine Malouin
La chute : cet homme en costume, à l’air coincé, qui avance droit comme un i, qui dérape sur le trottoir pour y finir étalé.
Le moment de solitude : ce motocycliste auquel j’avais fait une queue de poisson involontaire en voiture, que je voyais, dans mon rétroviseur, au feu rouge, se rapprocher dangereusement de mon véhicule, prier pour qu’il ne l’atteigne jamais, finir par comprendre l’inutilité de mes prières, voir son poing s'écraser sur ma vitre, l’ouvrir fébrilement pour l’écouter me dire "Madame, votre jupe est coincée dans la portière".
La revanche : cette personne qui vous écrase les pieds pour pénétrer avant vous dans l’ascenseur, sans même vous dire bonjour, et qui, finalement, se rend compte que c’est avec vous que se tiendra l’entretien de sa vie –n’exagérons pas – de sa semaine
Ricanement : cette femme hautaine qui vous toise et finit par vous lâcher un sourire condescendant assorti d’une feuille de salade coincée entre les dents.
Hypnose : la crotte de nez qui pendouille au nez de votre interlocuteur, qui vous rend hermétique à toute conversation constructive
Moment de solitude bis : ce "Bonjour Monsieur" lancé à la va vite pour s’apercevoir ensuite qu’il s’agit d’une Madame –ou inversement
« Tout est drôle, dès l'instant que ça arrive aux autres. » Marcel Achard
Je regarde cet homme à la télévision qui a tué sa femme. Je l’observe avec des yeux de voyeur, je suis à la recherche d’un indice, d’un signe extérieur de mal, d’un je ne sais quoi d’ailleurs qui le rendrait différent. Différent de moi, différent des gens qui m’entourent. Mais non. Rien. La folie, le désespoir sont—ils à la portée de tous ?
«Tirons notre courage de notre désespoir même.» Sénèque
Voir chaque jour le sapin baisser les bras un peu plus. Ramasser ses épines de plus en plus nombreuses au sol. Hésiter à jeter celui autour duquel on s’est tous réjouis, se souvenir du matin où les enfants ont découvert leurs cadeaux ; leur mine radieuse, les Oh ! les Ah !. Et puis, après une ultime concertation, se décider à le jeter. Emballer chaque boule délicatement, enrouler les guirlandes et tout remettre dans le panier en osier. En rabattant le couvercle, penser au prochain Noël, aux enfants qui auront un an de plus –et nous aussi ! Se demander ce que l’année nous réservera, espérer que rien n’aura vraiment changé.
« Tu fais quoi pour Noël ? - Je prends deux kilos. » Anna Gavalda
Vive Hippolyte.
Vive Charlotte.
« Ceux qui disent dormir comme un bébé, en général, n'en ont pas. » Leo J. Burke
Née en plein mois d’été ; maman a accouché les doigts dans nez d’un bébé rondouillard à souhait.
Sans avoir forcément le nez creux, sentait-elle en me concevant qu’un bébé arrivant au mois d’août recevrait forcément la quantité et la variété d’odeurs les plus riches de l’année et sans doute les plus propices au développement rapide de l’odorat de son bambin ? Odeurs d’herbe ou de blé coupé, de sirop d’anis préparé pour les travailleurs aux champs, de vase dans la mare qui tarit, parfums de fleurs et multiples variétés de légumes et de plantes odoriférantes au potager. Rien ne sert aujourd’hui de ruminer, j’ai raté mon métier, par manque de travail et/ou de flair, à un âge où je ne voyais pas plus loin que le bout de mon nez, je n’ai pas su bien m’orienter. Ne me riez pas au nez, mon rêve aurait été de devenir nez et ça, je crois que personne ne l’a jamais flairé.
Je sens TOUT avec mon pif, ma truffe, mon groin, mon blair, mon tarin, un vrai filtre, un scanner.
Où que j’aille, je renifle, chaque odeur est rangée soigneusement dans ma tête, véritable unité centrale, et associée à une personne, un objet, une émotion, une ambiance. Un feu d’artifice permanent dans mon cerveau.
« Chaque maison a son odeur à laquelle ses habitants ne prennent plus garde, sauf après une longue absence..» Robert Charbonneau
Un passage du « Baiser au lépreux » que j’ai relu récemment m’a ramener brutalement à l’urgence qu’il y a à VIVRE : « Jean reconnut, entre les mains paternelles, un Montaigne. Sans doute Les Essais, comme sa religion, le fournissaient de subterfuges pour parer au nom de sagesse son renoncement à toute conquête ? Oui, oui, se répétait Jean Péloueyre, ce pauvre homme appelait tantôt stoïcisme, tantôt résignation chrétienne l’immense défaite de sa vie ».
Je les connais ces subterfuges qui m’empêchent d’avancer. Bien habillés, bien emballés, bien ficelés, véritables leurres, ils cachent ma peur de rater, d’être jugée, de décevoir. Ils sont rassurants, à cause d’eux je n’essaye pas et je reste dans l’illusion que sans eux je réussirai peut-être.
Petite lâcheté ordinaire dont je ferais bien de me débarrasser.
«Dans beaucoup de prudence il y a toujours un peu de lâcheté. » Charles Lemesle
Un dicton traîne dans ma tête, savoir d’où il vient je ne sais plus, mais je l’attribuerais bien aux japonais, maîtres dans l’art du dépouillement. En gros, il dit « lorsqu’un nouvel objet entre dans ta maison, il doit prendre la place d’un plus ancien ». Peut-être est-ce cette nouvelle année, mais je ne supporte plus tous ces objets autours de moi, j’ai envie de tout balayer, de tout jeter… vieux bibelots, vieux cadeaux, reliques au musée des horreurs, dans un placard spécial au cas où… des milliers d’objets qui parasitent mon quotidien. Ces vieilleries, elles se sont immiscées dans mon environnement, j’ai même oublié qu’elles le dénaturaient au tout début. Jeter, c’est pour moi faire un pas en avant et refuser de m’attacher au passé, pas forcément facile. Mon tri de nouvel an a commencé par la chambre des enfants. Hé, hé ! plus simple de faire le tri chez les autres, l’affect est moins touché. Assise au milieu de la chambre, placards vidés, tiroirs renversés, j’ai compris l’étendue de la tâche… Epicerie de petits objets en tout genre, à classer, trier, jeter. Epées, couteaux, casques… de Playmobil, petits personnages Kinder démembrés, petites voitures désossées et ma progéniture assise à côté de moi, capable de me dire à quoi sert un schlurps de 3 mm que je brandissais sous leur nez, puis j’attendais leur verdict final : on garde – on jette. Tout de même, un œil de temps en temps dans le sac poubelle en guise d’ultime vérification, maman n’est pas à l’abri d’une erreur d’aiguillage - La confiance règne... Plus mes enfants grandissent, plus leurs jouets sont inversement proportionnels à leur taille, pourvu que ça s’arrête. Demain, j’attaque ma chambre…
« Une chambre d’enfant à ranger, c’est une vie à construire » Daniel Pennac
C’est décidé, 2008 sera l’année des non résolutions. Je n’ai pas promis d’arrêter de fumer, je n’ai pas promis de me mettre au régime, je n’ai pas promis de faire plus de sport…
Cette année donc, je ne me décevrai pas. Tout ce fera sans préméditation, au fil de l’eau, du temps, de mon humeur. Peut-être un peu de contemplation, d’action, d’obligation et d’ennui pour la construction.
Arrêter de me projeter –souvent mal- dans le futur, accepter de ne pas «prod uire» forcément, mais profiter du temps, de chaque jour, de chaque minute, de chaque instant. Voici ma résolution mon voeux...
«Cette année, j’ai pris la résolution d’arrêter de vieillir. J’ai même pas tenu une seconde, tu parles d’une volonté ! » Jean-Marie Gourio
Trait particulier de mon caractère, j'aime que tout aille vite -très vite- dès qu'une idée germe dans mon petit cerveau, je la vois déjà mise en pratique. Bref, du concept à l'élément palpable sans intermédiaire. Dans la vie pratique, ça peut se traduire par le montage d'une étagère Ikéa sans notice, voire sans vis... Pourquoi ? parce que le suédois je ne connais pas et trouver la page en français est trop chronophage pour moi ! au final, je finis souvent par prendre le mode d'emploi, une fois mon étagère montée de guingois. Toute ma vie est comme ça, au début, j'ai considéré qui s'agissait d'un drame, ma raison l'emportait rarement sur mon intuition, mais aujourd'hui, avec la force de l'expérience -plus sexy que de dire de l'âge- j'ai appris que je devais faire confiance au flair ; magie ou hasard de la méthode, il m'arrive d'obtenir le résultat voulu et même d'y ajouter une patte créative qui donne à la chose tout son charme. Incapable de refaire 2 fois la même recette de cuisine et encore moins de la donner... certains y voient là une ruse de ma part pour garder jalousement un savoir-faire que je tiendrais de ma mère...
« Intuition. Force mystérieuse qui explique pourquoi des hommes sans pensées, sans culture et sans aucun bagage de connaissances que leur petite spécialité prennent spontanément la décision la meilleures » Jean-Charles Harvey
Il m’est rarement arrivé d’avoir un choc gustatif. Si rarement que je peux précisément me souvenir des circonstances du tout premier. C’était à l’occasion d’un week-end en Touraine, chez mon frère et ma belle-soeur. En fin d’après-midi, l’une de leurs amis est arrivée, équipée d’ingrédients divers et de casseroles. C’était l’anniversaire de son mari et à cette occasion elle souhaitait lui faire une surprise en lui préparant son plat préféré : un feuilleté de poisson à la lavande. Curieux et surtout pas gagné d’avance. Aux fourneaux, elle s’est mise à préparer sa sauce, la fouettant dans une casserole en émettant un bruit guttural. Un étrange bruit de petit moteur «vrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr». Impossible, selon elle, de réaliser cette sauce sans ce son. Pure merveille que ce plat dont je ne suis jamais parvenue à obtenir la recette.
« La découverte d’un mets nouveau fait plus pour le genre humain que la découverte d’une étoile » A. Brillat-Savarin
Construire des cabanes dans les bois, marcher nu-pieds dans la rivière, écouter les insectes, titiller le grillon au fond de son trou avec une herbe, croquer dans une tomate biscornue chauffer par le soleil, manger une gousse d'ail, écouter le coassement des grenouilles dans la mare à la nuit tombée, renifler l'odeur de l'herbe fraîchement coupée, de terre humide après l'ondée. Planter la tente dans le jardin, y déposer son oreiller, sa couverture, sa lampe électrique et juste avant minuit, sans bruit, retrouver sa chambre pour plus de sécurité. Jouer à "Micheline", un jeu de cache-cache rebaptisé inventé par mon frère, à pichenette en veillant à ne pas transpercer une espadrille avec le canif. Se cacher derrière la porte du salon pour espionner les invités, les entendre parler et rire, sentir l'odeur des cigares et du cognac. Allez se coucher en emportant un croûton de pain et du crottin (de Chavignol) à déguster allongé dans son lit en lisant une BD.
« On est de son enfance comme on est d’un pays » Antoine de Saint-Exupéry
Si les besoins vitaux se résument à respirer, boire, manger, dormir, il m’en manque un : être seule. Ce matin j’ai ouvert un œil, obscurité et silence total à l’heure où blanchit la campagne ; promesse de l’aube … bonheur d’un matin où la maison m’appartient, ou je peux habiter l’espace à ma guise, ordonner mes pensées sans court-circuit. Doucement je ferme la porte de la chambre de ma fille et là, fêlure ! J’entends « Maman ? », « Rendors toi ma chérie » Ouf, sans moufeter, elle se retourne dans son lit. Je continue ma progression dans la maison jusqu’à la cuisine, la main tendue vers la machine à café… « Maman » oups ! Mon fils est derrière moi. Je l’aime ma petit abeille en pyjama rayé, mais pas maintenant. Promesse de l’aube non tenue, c’est parti pour la journée, à quand mon petit moment ?
La vraie paresse, c'est de se lever à 6 heures du matin pour avoir plus longtemps à ne rien faire. Tristan Bernard
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