Après le départ des enfants pour l'école, je me suis installée à mon bureau. Silence après la précipitation et l'agitation matinale. Moment de plaisir où j'ordonne mes idées et prépare ma journée. Les craquements de la véranda, le grincement d'une fenêtre entrouverte, le bruit sourd du lave-vaisselle, ces bruits me sont devenus familiers, je ne les entends plus. Les habitations ont leur langage et leurs secrets que nous mettons quelques temps à comprendre et à assimiler. Après de longues minutes, un bruit inhabituel m'alerte, je me fige, je tends l'oreille ; un autre plus fort : le glissement du tapis dans le couloir de nos chambres. Je raisonne, impossible, même avec un courant d'air de le déplacer. Quelqu'un s'est introduit dans la maison, j'en suis sûre. Je n'ai pas peur, je suis inquiète. Je quitte ma chaise. Même à pas feutrés, je ne parviens pas à éviter le grincement des marches de l'escalier en bois que je descends lentement. Trop tard, l'intrus m'aura entendu. J'accélère mon pas, je ne veux pas le rater et le faire fuir. Je cours jusqu'au couloir, personne, je rentre dans ma chambre et devant moi, je tombe nez à nez avec un chat.