Grégoire Parmentier poussait chaque soir, après sa journée de bureau, la porte de sa maison avec en tête un point d’interrogation : comment allait-il trouver sa femme ? Apathique, euphorique, heureuse, malheureuse… Rémi Bolstein, un collègue de bureau, l’avait éclairé sur la nature même des femmes « Tu comprends, lui avait-il dit, les femmes vivent par cycles, 28 jours, pour les ponctuelles, parfois plus, parfois moins pour les autres. Ces cycles naturels les commandent et les amènent à l’inconstance. Il y a quelques temps, je me suis livré à une petite expérience sur ma femme : calendrier en main, j’ai noté durant 6 mois, jour après jour, avec précision, les humeurs de Joséphine. J’en suis arrivé à la conclusion suivante : dans son inconstance, Joséphine est constante. Mon calendrier ne me quitte plus, je sais désormais, quotidiennement, comment Joséphine va se comporter, tiens-je planifie même nos sorties, nos conversations, nos projets en fonction des périodes. Depuis, ma vie a changé »
Grégoire avait bien, un temps, tenté la fameuse méthode de Rémi, mais il oubliait 2 jours sur 3 de noter ses observations, pire encore, Ludivine était tombée sur ses notes.
Absorbé par ses pensées, Grégoire fit un bond : Ludivine se tenait derrière lui, un sourire béat aux lèvres « Chéri, c’est décidé, je reprends des études ». Bon sang, se dit-il, la voici prise d’une nouvelle lubie, pourquoi donc les femmes ont-elles toujours envie de reprendre leurs études ?? N’était-elle pas bien à la maison à s’occuper des enfants ? lui-même en rêvait. Il y a 3 mois, elle était ravie de son statut, il y a un an, elle voulait devenir infirmière, il y a une semaine décoratrice… Grégoire savait qu’il devait être fin, que de sa réaction dépendrait l’ambiance de la soirée. L’écouter se dit-il, surtout l’écouter et acquiescer.